Au fil du temps... ..Histoire de la commune de Tomblaine et du Maréchal Molitor (1770-1849)
D’après un article d’Emile Badel paru dans la monographie
« Monument de Bosserville aux soldats morts pour la patrie en 1793-1794 et en 1813-1814 » en 1911.
Après la glorieuse campagne d’Allemagne de 1813 et les victoires fameuses de Lutzen, de Bautzen et de Dresde, la Grande Armée de Napoléon Ier se repliant sur la France, traversa lentement l’Alsace et la Lorraine.
La peste, le typhus, toutes les maladies épidémiques vinrent bientôt accabler nos jeunes héros – ces Marie-Louise, comme on les appelait – et l’on dut les isoler par centaines et par milliers, dans plusieurs de nos villages, d’anciens monastères abandonnés, tels que la Chartreuse de Bosserville, à quelques kilomètres de Nancy.
Chaque jour, ces jeunes soldats de la plus grande France d’alors, Français, Belges, Hollandais, Rhénans, Luxembourgeois, Italiens et Suisses, parmi lesquels se trouvaient aussi de nombreux prisonniers russes et espagnols, étaient décimés par le fléau.A quelques centaines de mètres de la Chartreuse, dans le bois Robin actuel, se trouvaient trois étangs ou réservoirs de poissons pour les moines. On vida ces étangs, et chaque jour, durant plusieurs mois, on y jeta en tas les morts de la Grande Armée, les pauvres soldats abattus par la maladie. (Le Comité vient d’apprendre que les morts de 1813-1814 ne sont pas seuls dans les Etangs des Morts de Bosserville. En l’An II et en l’An III de la République, la Chartreuse avait déjà servi de lazaret militaire, et plus de 3oo soldats français furent inhumés à cette époque à Bosserville).
L’oubli se fit bientôt sur ces tombeaux. Les étangs et la colline furent boisés… et les ossements de plusieurs centaines de soldats français – d’aucuns disent 2 ou 3000,– restèrent là sans sépulture honorable, depuis bientôt un siècle. Le souvenir de ces jeunes héros se conservait seulement dans le pays… souvenir bien effacé aujourd’hui… quand, il y a cinq ans, des cœurs patriotes résolurent de tirer de l’oubli ces morts de Bosserville et d’ériger près des Etangs des Morts du Bois Robin un modèle monument, qui redirait aux passants la mémoire de nos soldats de 1813.
Plusieurs cérémonies grandioses ont eu lieu, avec le concours des sociétés patriotiques de Nancy et des environs, des Belges de Nancy, de généreux promoteurs et depuis quelques années, un véritable pèlerinage s’est fondé aux Etangs des Morts de Bosserville. Déjà des plaques de marbre blanc, apposées à Bosserville, redisent aux visiteurs ce qui s’est passé en cet humble hameau.
Mais il faut plus et mieux. Il convient de marquer d’un signe auguste la tombe de ces jeunes braves, d’ériger un monument, une pyramide de granit de 7 à 8 mètres de hauteur, ornée d’une bague de chêne et de laurier, pyramide qui se dressera sur la colline dominant la vallée de la Meurthe, entre Nancy et Saint-Nicolas de Port.
Dans ce but, un Comité s’est formé, en dehors et au-dessus des partis politiques, composé de bons Lorrains et de bons Français, de présidents de sociétés belges et italiennes, et qui a l’intention de mener à bonne fin, avant le centenaire de 1913, l’oeuvre de pieuse commémoration qu’il a entreprise.L’inauguration officielle du monument eut lieu le dimanche 30 octobre 1910.